Laure Calamy en Peau d’homme

Laure Calamy en Peau d’homme

L’actrice travestie rayonne au théâtre

L’adaptation au théâtre de la BD Peau d’homme de Hubert et Zanzim trouve sa merveilleuse incarnation avec Laure Calamy en jeune femme travestie ! Au sein de la pièce de théâtre Peau d’homme au Théâtre Montparnasse, les grandes lignes du texte de la pièce sont héritées de la bande dessinée Peau d’homme. Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca va être mariée par ses parents à un homme qui ne lui a jamais été présenté. Bianca qui est encore vierge s’avère d’une curiosité insatiable sur son futur époux ! La marraine de Bianca décide de lui prêter une peau d’homme qui va permettre à la jeune fiancée de faire incognito la connaissance de son fiancé car cette peau d’homme a le pouvoir de transformer une femme en homme ! Et cette transformation est vraiment totale puisque Bianca interprétée par Laure Calamy n’a plus de poitrine féminine mais se retrouve dotée d’un véritable pénis avec ses testicules !

Laure Calamy est géniale lorsqu’elle commence à apprivoiser sa nouvelle verge affichant le caractère d’une jeune femme aussi mutine que drôle car la peau d’homme change l’apparence de Bianca mais pas son caractère ! Laure Calamy emmène la pièce de théâtre Peau d’homme à une vitesse intersidérale ne laissant pas aux spectatrices et aux spectateurs le temps de respirer tant elle excelle en femme et en homme et en travestie amoureuse ou amoureux ! Laure Calamy est aidée par une mise en scène très dynamique de Léna Breban et des musiques en parfaite adéquation avec le récit onirique de cette jeune femme travestie car Peau d’homme est aussi une comédie musicale ! Le choix de la comédie musicale peut surprendre mais le spectacle devient incroyablement entrainant voire jubilatoire avec des belles chansons à texte de Ben Mazué et une splendide chorégraphie de Leïla Ka ! Pourtant ce n’était pas gagné car la première scène fait franchement peur avec ses décors laids et son introduction didactique super lourde héritée des mauvais spectacles de café-théâtre des années 90. Malheureusement, les décors vont rester laids durant tout le spectacle mais heureusement Peau d’homme se métamorphose en une vraie pièce de théâtre dès sa seconde scène en offrant dès lors un spectacle captivant avec des beaux gestes de mise en scène qui permettent à l’histoire d’être accrocheuse et à Laure Calamy d’être rayonnante : quelle actrice !

Bertolt Brecht disait « Un théâtre où on ne rit pas est un théâtre dont on doit rire ». Léna Breban utilise le rire pour faire passer plein de messages et plein de bonnes ondes sur les rapports amoureux entre hommes et femmes hétéros ou gays ou travestis ; ça passe bien et c’est même assez touchant ! De fait, Léna Breban rend politique la BD Peau d’homme pour faire de sa pièce de théâtre un manifeste pour le droit au bonheur quelles que soient ses orientations sexuelles ! Super ! Mais le rire de la pièce de théâtre Peau d’homme éclipse la belle dimension érotique de la BD Peau d’homme. Certes, Laure Calamy sodomise son fiancé mais l’image s’avère bien trop furtive pour être suggestive. Et là, oui là, la pièce de théâtre Peau d’homme va effleurer deux droits au bonheur des femmes sans aller plus loin ; le droit pour une femme de sodomiser un homme esquissé par le personnage de Bianca, le droit pour une femme de faire cocu son mari esquissé par le personnage d’Agostina. C’est dommage, les spectatrices adeptes du pegging à l’aide de leur gode-ceinture (puisque la vraie peau d’homme n’existe pas, nous sommes bien d’accord) et les spectatrices cocufieuses de mari ressentiront une vraie frustration. Le rire et la furie joyeuse de la pièce de théâtre Peau d’homme ont passé outre la délicatesse des dessins de la BD Peau d’homme et leur érotisme raffiné. Pour autant, la pièce de théâtre Peau d’homme a sa propre identité et sa propre cohérence qui offrent un moment de théâtre vraiment enthousiasmant !

La critique Télérama de Peau d’homme est très nuancée, tout comme plusieurs autres critiques presse, mais ces nuances souvent justifiés comme celles de la critique Fantasticarama ne doivent pas faire de l’ombre à toutes les qualités de ce beau spectacle illuminé par Laure Calamy. La tournure militante de la pièce de théâtre Peau d’homme colle bien aux précédents personnages féminins militants déjà incarnés par Laure Calamy comme une prostituée dans le film Une femme du monde de Cécile Ducrocq ou une femme de chambre dans le film À plein temps de Éric Gravel. Léna Bréban a ainsi souligné cette adéquation de Laure Calamy avec son rôle de Bianca « Pour interpréter Bianca, cette jeune femme qui découvre ce que c’est que d’être un homme dans la société (et donc par extension aussi ce que c’est qu’être une femme), il me fallait une interprète capable de folie et de drôlerie, d’émotion et de force. C’est de toute évidence exactement ce qu’est Laure Calamy sur une scène de théâtre. Les thèmes et les enjeux de la pièce sont nourris des conversations que Laure et moi avons de longue date sur les femmes et la société ». Alors, oui, la pièce de théâtre Peau d’homme a amplement mérité ses 4 nominations aux Molières 2025 dont le Molière de la comédienne pour Laure Calamy et le Molière de la metteuse en scène pour Léna Bréban. Soyons clairs, la salle de théâtre exulte à chaque représentation. Peau d’homme est une pièce de théâtre très sympa que chacune et chacun dégustera selon ses envies et selon ses attentes. Laure Calamy est vraiment une femme fantastique !

Affiche de la pièce de théâtre Peau d'homme avec Laure Calamy d'après la BD de Hubert et Zanzim
Affiche de la pièce de théâtre Peau d'homme avec Laure Calamy d'après la BD de Hubert et Zanzim

Laure Calamy, Emmanuelle Rivière, Valentin Rolland, Samira Sedira, Aurore Streich, Adrien Uros, Regis Vallée, Vincent Vanhée et Clément Simounet en alternance avec Clément de Witt

Le Théâtre Montparnasse coproduit Peau d’homme avec Acmé, La Pépinière, La Française de Théâtre, Karé productions & Sandra Ghenassia productions.

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