Cabaret, nudité, prostitution : les différences entre la série et les faits réels
La série télé Montmartre sur TF1 est-elle inspirée d’une histoire vraie ? La série Montmartre avec Alice Dufour et Claire Romain est une fiction qui est inspirée de faits réels du Paris de 1899. Les différences et les similitudes entre la série Montmartre et les faits historiques s’avèrent parfois sidérantes !
Le sulfureux cabaret L’Éléphant Rose
Le cabaret L’Éléphant Rose de la série Montmartre existait-il réellement à Paris en 1899 ? Factuellement, la réponse est non car Paris n’a jamais abrité un cabaret nommé L’Éléphant Rose mais le cabaret L’Éléphant Rose et ses spectacles sulfureux de danseuses sensuelles est très largement inspiré du célèbre cabaret parisien Le Chat Noir qui existait bien sur la Butte Montmartre en 1899 car il avait été créé dès 1881. Le Chat Noir accueillait les peintres et les chansonniers les plus réputés de Paris tels que Adolphe Willette, Nestor Outer, Henri Pille, Aristide Bruant ! La fiction rencontre d’ailleurs l’histoire vraie dans la série Montmartre lorsque ses héroïnes croisent entre deux numéros « dévêtus » Henri de Toulouse-Lautrec et Sarah Bernhardt. Le cabaret imaginaire L’Éléphant Rose a été construit dans des studios de cinéma à Bry-sur-Marne pour le tournage de la série Montmartre. Par ailleurs, la série Montmartre qui se déroule à Montmartre a bénéficié uniquement de 2 journées de tournage sur la Butte Montmartre tant les conditions de tournage sont draconiennes sur ce lieu historique de Paris ! Et c’est ainsi qu’une rue entière de Montmartre a été reconstituée à Ville-Évrard pour offrir aux actrices et aux acteurs l’intégralité des lieux à leur disposition.
La belle danseuse effeuilleuse
L’actrice Alice Dufour interprète Céleste une effeuilleuse qui se déshabille sur la scène de L’Éléphant Rose en 1899 jusqu’à s’exhiber toute nue face au public dans la série Montmartre. L’effeuillage, joli nom français du strip-tease, a connu ses prémices à Paris en 1894 avec une effeuilleuse nommée Blanche Cavalli qui s’est déshabillée jusqu’à être totalement nue sur la scène du Concert Lisbonne à Pigalle au 75 rue des Martyrs à Paris, une salle toujours ouverte aujourd’hui sous le nom Divan du Monde. Exactement comme dans la série Montmartre, le spectacle de cette effeuilleuse nue provoqua un scandale à Paris. Ainsi les scènes de Céleste nue sur la scène de L’Éléphant Rose sont presque strictement conformes à la réalité de l’époque. Effectivement, la série Montmartre est diffusée sur TF1 devant un large public et elle est destinée à être diffusée dans des dizaines d’autres pays alors la nudité intégrale ne pouvait pas être envisagée à l’écran. La créatrice des costumes Florence Clamond a donc dû faire des habiles petites entorses à la réalité historique « La représentation de la nudité a nécessité une intense réflexion car l’héroïne est une effeuilleuse… qu’il ne faut pas montrer totalement nue à l’image ! La grosse difficulté a été de trouver un juste équilibre pour être crédible sans montrer l’intégralité d’un corps dénudé. J’ai donc fait le choix de la sensualité, laissant apparaître une partie de la peau et deviner le reste. Nous sommes partis sur l’idée de ce que j’appelle le “corps bijoux”. Quand le costume de Céleste tombe intégralement en fin de spectacle, son corps est paré de bijoux. On se retrouve ainsi avec une nudité esthétique qui n’est pas frontale ». Toutefois, même si elle n’est pas frontale, la nudité de Céleste interprétée par Alice Dufour doit être perçue à plusieurs degrés comme l’explique le co-scénariste, aux côtés de Brigitte Bémol, Julien Simonet « L’émancipation féminine a découlé logiquement de notre sujet de base. En se mettant nue, Céleste entre dans une vraie appropriation de son corps ». Là réside toute la force de la série télé Montmartre qui transforme Céleste en une héroïne féministe : une femme libérée et libre en 1899 en avance sur son époque !
La jeune prostituée parisienne
Le début de la série Montmartre est marqué par l’histoire tragique de Rose interprétée par Claire Romain qui est enfermée dans une maison close afin de se prostituer. L’apogée des maisons closes et de la prostitution à Paris fut précisément lors de l’Exposition Universelle de 1900. Plus de 200 maisons closes existaient à Paris à la Belle Époque entre 1880 et 1914. Beaucoup de ces maisons closes parisiennes étaient des établissements de luxe dont le fameux Chabanais, le One-two-two, le Sphinx, ou La Fleur Blanche avec des prostituées vues par des médecins chaque semaine. Mais d’autres maisons closes parisiennes nommées maisons de tolérances recevaient une clientèle plus populaire avec des prostituées parfois contraintes d’enchainer jusqu’à 60 rapports par jour. Ainsi, la série Montmartre est conforme à la réalité historique lorsque la jeune blanchisseuse Rose est contrainte de se prostituer à Paris en 1899. Alors le récit de la série Montmartre sur TF1 est une fiction mais son réalisateur canadien Louis Choquette l’a inscrit dans un cadre très réaliste respectueux de l’authenticité des faits. Montmartre invite ainsi ses spectatrices et ses spectateurs à un fabuleux voyage dans le temps vers le vrai Montmartre de 1899 !

