Les différences entre la série télé et la tragédie du Bugaled Breizh
La série télé 37 secondes est inspirée de l’histoire vraie du Bugaled Breizh. Le 15 janvier 2024, au large des côtes anglaises, le chalutier breton Bugaled Breizh coule dans la Manche en 37 secondes ! Les 5 marins qui étaient à bord du chalutier décèdent. La série TV 37 secondes a été créée par Sophie Kovess-Brun et Anne Landois qui revendiquent d’avoir écrit une fiction bien que s’inspirant de faits réels. Les différences entre la série télé et la tragédie du Bugaled Breizh sont nombreuses mais beaucoup d’éléments de l’histoire reflètent avec exactitude la réalité. Fantasticarama vous propose de découvrir les similitudes et les différences entre la série 37 secondes et l’histoire vraie du Bugaled Breizh.
L’histoire vraie du Bugaled Breizh débute à 12h25 le 15 janvier 2024 lorsque le chalutier breton Bugaled Breizh fait naufrage dans les eaux territoriales anglaises en provoquant le décès des 5 marins qui étaient à bord après avoir lancé ce terrible dernier message sur leur radio VHF « On chavire, viens vite » à un autre chalutier français ! Le Bugaled Breizh, dont le nom breton signifie Enfants de Bretagne, avait quitté le 7 janvier le port finistérien de Loctudy avec un équipage expérimenté apte à faire face aux conditions de mer le jour du naufrage ; une mer avec des creux de 3m70 et un vent de force 6. Quelques jours après le drame, le procureur de Quimper évoque l’hypothèse d’un cargo porte-conteneurs qui aurait éperonné le Bugaled Breizh en se fiant aux premières vidéos sous-marines de l’épave. Cette hypothèse du porte-conteneurs est rapidement abandonnée car il n’y avait aucun porte-conteneurs susceptible de croiser la route du Bugaled Breizh lorsqu’il a coulé en 37 secondes ! L’hypothèse soutenue par les familles des victimes est celle d’un sous-marin qui aurait accroché le câble des filets du Bugaled Breizh ce qui explique pourquoi le chalutier aurait coulé si rapidement en 37 secondes. L’hypothèse du sous-marin est la plus plausible puisque trois sous-marins, dont le sous-marin hollandais Dolfin, étaient autour du Bugaled Breizh ce jour là en raison d’exercices militaires de l’OTAN sous le nom de code ASWEX04. Le Bureau Enquête Accident (BEA) maritime a émis l’hypothèse qu’une partie du filet (la croche du train de pêche) se serait coincée sur le fond rocheux en entrainant le naufrage rapide du chalutier.
L’histoire de 37 secondes suit les pas de Marie Madec interprétée par Nina Meurisse, belle sœur d’un marin mort en mer, qui refuse les premières explications officielles en faisant le lien entre le naufrage du Bugaled Breizh et des exercices militaires de l’OTAN qui se déroulaient sur la zone maritime du drame au même moment.
Anne Landois et Sophie Kovess-Brun ont clairement indiqué que tous les personnages sont fictifs et qu’elles avaient changé tous les prénoms. Cependant, le personnage de Marie Madec est inspiré par le combat de Nathalie Gloaguen qui était effectivement la belle-sœur du marin Patrick Gloaguen décédé lorsque le Bugaled Breizh a coulé. Nathalie Gloaguen est morte avant l’aboutissement du procès mais son décès est survenu d’une manière différente de celui de Marie Madec dans la série.
La série 37 secondes est réalisée par Laure de Butler qui dirige à la perfection des actrices et des acteurs totalement impliqués dans leurs rôles ; Nina Meurisse est Marie Madec ; Mathieu Demy est Christophe Costil ; Jonas Bloquet est Yan Ropars ; Anna Cervinka est Gwenaëlle Roussel ; Antonia Buresi est Fanny Prigent ; Pauline Briand est Chloé. Mais ces personnages vont vivre des aventures personnelles qui ne sont pas conformes à l’histoire vraie des femmes et des hommes qui les ont inspirés.
L’histoire d’amour entre Marie Madec et l’avocat Maître Costil, interprété par Mathieu Demy, est une fiction totale car aucun avocat des familles des victimes n’a vécu une telle relation amoureuse avec Nathalie Gloaguen. Dans la série 37 secondes, un autre avocat des familles des victimes demande au tribunal un non-lieu et un classement de l’affaire du Bugaled Breizh. Dans la réalité, les avocats et les familles des victimes n’ont jamais demandé de non-lieu bien qu’un non-lieu ait été prononcé par la Cour de cassation en 2016.
Dans la série télé 37 secondes, les familles des victimes reçoivent des chèques qui se comprennent comme un dédommagement pour la perte de leurs proches. Dans la réalité, les épouses des marins disparus ont uniquement reçu une prime de protection de la sécurité sociale des marins. Dans la série et dans la réalité, l’armateur du Bugaled Breizh a bien été remboursé pour la perte de son chalutier. Les faits sont identiques mais la représentation de l’armateur du Bugaled Breizh est différente entre l’histoire vraie et la fiction. Le véritable armateur s’est battu pour connaître la vérité sur le naufrage du Bugaled Breizh. L’armateur fictif de la série semble plus intéressé par l’argent et par le fait de ne pas être impliqué dans la cause du naufrage. La fiction est ici bien cruelle. Dans la série et dans la réalité, le chalutier s’appelle le Bugaled Breizh mais l’armateur qui a prêté son bateau à la production de la série télévisée 37 secondes a tenu à obtenir l’accord du véritable armateur du Bugaled Breizh avant de faire naviguer le chalutier de la fiction.
Anne Landois a expliqué pourquoi elle et sa co-scénariste Sophie Kovess-Brun avaient fait le choix de personnages de fiction pour leur série 37 secondes diffusée sur Arte « On a choisi de ne pas impliquer les familles des marins disparus. D’une part, elles ne le souhaitaient pas forcément, d’autre part, cela aurait engagé une trop lourde responsabilité à leur égard, impossible à endosser car la réalité de leur vécu est complexe ». Le choix de la fiction pour la série 37 secondes s’avère donc un choix respectueux des familles tout en voulant faire connaître au plus grand nombre l’histoire vraie de la tragédie humaine du Bugaled Breizh afin qu’un tel événement ne puisse plus jamais se reproduire.
Photo © Shoot Again Productions/Colette Productions/Alba/ARTE France

